Et... d'un Mec. Mais quel Mec ? Peut-on encore raisonnablement dire ne serait-ce que ce mot : Mec ? Animal ou prédateur sont plutôt ceux qui jaillissent à l'écoute de ce témoignage qui m'a été offert. Vous l'aurez compris, l'histoire que je vais vous raconter, c'est celle d'une femme blessée, humiliée, violentée physiquement, verbalement. C'est surtout au plus profond de ses entrailles, dans son cœur, dans son âme que Sandrine a été atteinte. Loin de moi l'idée de fustiger tous les hommes, de brandir un #balancetonporc ou autre #metoo. Le sujet ici est autre que celui du débat de société. Il se veut résilient, vecteur d'un message pour toutes les femmes et les hommes que cela touchera... Sandrine nous offre le plus beau cadeau, celui de raconter pour transmettre. Mes mots servent de moyen de transport de sa force, son envie d'aider les autres, les victimes comme elle ou simplement celles et ceux pour qui ces quelques lignes feront écho.
Découvrez l'expérience vécue, aussi terrible soit elle, de la violence conjugale et de l'emprise psychologique.
Sandrine est une jeune maman de deux enfants de 17 et 13 ans. Séparée de leur papa il y a longtemps maintenant, elle a vécu plusieurs histoires d'amour depuis et l'horreur des violences conjugales à deux reprises. Aujourd'hui Sandrine se reconstruit petit à petit, étape après étape, suite au second et dernier épisode de violences subies.
Cette histoire commence en 2018, lorsque Sandrine rencontre "Le Mec". C'est sous cet intitulé que je choisis de le nommer. Pas de prénom, pas d'humanisation. Lorsqu'elle le rencontre pour le chantier de sa maison, Sandrine sort d'une rupture amoureuse difficile, elle est fragile. Décidée à rester célibataire, elle n'attend rien en amour, elle se méfie, elle redoute. Elle rêve d'amour pur et d'idylle, elle y croit pour la vie. Elle a tant besoin de vibrer dans la relation avec l'autre... Véritable amoureuse de l'amour, elle se sent au plus mal dans ce moment douloureux de séparation. Sandrine souhaite rester seule. C'était sans compter sur la puissance et la perversité du Mec.
Elle le connaît son prédateur. C'est le frère de l'un de ses meilleurs amis. Elle sait qu'il a une réputation de coureur de jupon, de fêtard. Alors quand Le Mec la drague ouvertement, elle se protège, comme elle peut. Elle dit non à sa manière. Elle prévient le frère du Mec, son ami. Sauf que la machine est en route. Ce frère et ami, dans son propre déni, dira à Sandrine que le Mec a changé, qu'il n'est plus le même et que sa réputation n'est plus justifiée. Par amour, la famille oublie, la famille refuse de voir des réalités... même dans une relation d'amitié sincère. Le Mec, qui la connaît bien, emploiera les moyens justes pour la faire faillir, en la touchant en plein cœur, pour la faire basculer.
Sandrine acceptera une seule soirée. Ce choix elle le fait pour expliquer à ce Mec qu'elle n'est pas intéressée. Mal lui en a pris.. C’est malheureusement cette soirée qui la fera basculer en tout lieu dans les entrailles de l'enfer. Le Mec est un homme meurtri lui aussi. Enfant témoin des violences conjugales, il s'inscrit dans des relations toxiques, il plonge et se nourrit dans des addictions telles que l'alcool et la drogue. Cette empreinte tragique sera l'arme fatale de cette relation. Touchée par son récit et ses blessures, Sandrine flanche. Emue, attendrie, elle part dans une quête inconsciente. Celle de le sauver, coûte que coûte, vaille que vaille, quoi qu'elle doive en subir... L'étau est en place. Le Mec, nourri de ses blessures profondes, enlace maintenant sa victime, une femme en douleur qui rêve d'amour et de sauver son âme perdue. Le piège s'est refermé.
Le début de l'histoire est fabuleux. Le Mec couvre Sandrine de mots merveilleux et de cadeaux. Elle est la plus belle, elle est valorisée, ils se marieront... Beau, viril, il est un mâle. Il séduit, il envoûte. Sandrine se sent comblée d'amour par tous ses gestes et ses attentions. Quoi de plus magiques quand on en manque si cruellement.
Le risque de cette histoire terrible prend sa source au-delà du nid des relations amoureuses de Sandrine. C'est bien depuis l'enfance qu'il faut aller chercher le secret de son mal-être et les raisons de la répétition de ces expériences douloureuses. Victime d'abus sexuel à l'âge de 7-8 ans, Sandrine subit un choc post traumatique qui effacera provisoirement ce souvenir si douloureux. Ce n'est qu'adulte, par une thérapie, que le traumatisme refait surface. Cet événement la marque à jamais. Se sentant salie au plus profond d'elle-même, Sandrine vit également une relation toxique avec sa maman. Toujours rabaissée, jamais assez bien, pas assez jolie par rapport aux autres, elle sera le vilain petit canard, violenté dans sa féminité dès son plus jeune âge sans que personne, sans qu'aucun adulte, ne l'accompagne pour se guérir. « Tout le monde joue au docteur » ce sera la réponse qu'elle obtiendra lorsqu'elle osera, de tout son courage, briser le tabou de la violence sexuelle vécue dans le giron familial. Comment grandir avec ? Comment construire sa relation aux hommes, sa féminité, son intimité lorsqu'on vous a attaqué au plus profond de vous-même physiquement et moralement. Comment ne pas vouloir sauver les autres puisqu'on n'a pas pu se sauver soi même, que personne ne vous a sauvé ? Comment ne pas tomber dans le piège du Mec…
Sandrine a vécu le pire. Les insultes, les coups, les actes sexuels forcés... et cette pression psychologique quotidienne qui vous pousse à toujours agir pour faire du bien à cet homme, pour tenter de le sauver en sacrifiant son corps, son âme. Les enfants de Sandrine ont été des victimes collatérales de cette période. Forts et présents pour leur maman, ils sauront lui lancer des messages, lui tendre des perches pour l'inviter à se sortir de cet humiliant guêpier. C'est pour eux avant tout qu'elle a trouvé le courage de parler et d'aller porter plainte. Quand le reste de sa famille a tourné le dos à ses violences, considérant sa responsabilité dans la situation, estimant que c'était mérité. quelque part... elle n'a eu d'autres choix que de se battre pour elle, elle seule et ses deux enfants.
Que c'est dur d'avoir à passer ces portes du commissariat pour parler de ce qui a été vécu... Que c'est dur de devoir décrire, nommer toute cette horreur. Il en faut du courage pour dépasser la honte et la culpabilité. Cette force Sandrine l'a cultivée et l'a eue après une ultime soirée de violence et d'humiliation. C'est le déclic. Le viol sera le prix à payer une dernière fois pour oser quitter Le Mec, pour oser parler et reprendre sa dignité.
Aujourd'hui Sandrine est libérée. Elle a mené son combat. Il y a eu procès, il y a eu reconnaissance de son statut de victime. Ce n'était en aucun cas de sa faute ! Non elle ne méritait pas ça, quoiqu'elle ait pu vivre avant, quoiqu'elle ait pu décider, qu'elle que soit l'origine de la souffrance du Mec.
Alors à vous toutes les victimes de violences conjugales et sexuelles, si ces lignes vous font écho, si elles vous ressemblent... osez croire en vous et votre force pour sortir des griffes de votre bourreau. Osez vous rappeler quel enfant vous avez été, celui qui rêvait, qui était joyeux et avait envie de croquer la vie à pleines dents. Cet enfant est toujours là en vous. Rappelez vous votre force, votre résilience et ayez le courage de parler à un proche, au numéro mis en place pour les victimes le 3919 ou en allant directement déposer plainte. La vie vaut d'être vécue avec amour et respect, en tout lieu, à chaque instant.
Cette histoire, je vous l'ai racontée car Sandrine tient à partager son vécu, espérant aider toute victime de violences conjugales et sexuelles.
"J'aimerais tellement aider les autres femmes victimes Pauline". Voilà ce que m'a dit Sandrine, en sortant de notre resto après nos retrouvailles. A ce moment là, mon intuition me l'a dicté : écris ! Le jour ou Sandrine m'a offert son récit, c'est mon cœur qui a pris et qui guide aujourd'hui ce récit. C'est un honneur pour moi que de contribuer à cette transmission. En l'écoutant se confier, j'ai tremblé, j'ai ressenti tellement de fierté face à cette femme qui ose parler avec franchise en dépassant la peur et la honte. J'ai compris le lien tragique entre ces deux âmes torturées. Le Mec est un prédateur sexuel oui... ce n'est pas de rien. Sandrine est victime d'abus sexuel et de violences conjugales oui... ses blessures l'y ont amenée, la persuadant de devoir sauver cet être plutôt que de se sauver elle. Hasard ou pas, elle s'est confrontée à cette horreur pour en ressortir grandie et construire autrement le reste de sa vie. Si cette lecture peut vous inviter à décider vous aussi du nouveau reste de votre vie, alors notre mission sera réussie...
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